Ce livre s’intéresse à l’influence des contextes économique, social et politique dans la décision d’avoir un enfant au Québec. Ces contextes donnent lieu à des occasions d’égalité entre les hommes et les femmes ou à des barrières à cette égalité et à la réalisation des projets familiaux, qui sont analysées dans cet ouvrage dans une perspective comparative et historique. Les tendances relatives à la fécondité au Québec sont comparées à d’autres sociétés semblables, comme le Canada, les États-Unis et la Suède. Un portrait historique, qui s’étend de 1960 à 2010, montre ensuite les tendances relatives à la fécondité des femmes québécoises, variant en fonction de l’évolution de la société, notamment avec la diminution de l’importance de la religion, l’entrée plus massive des femmes sur le marché du travail, la popularisation et l’acceptation généralisée des moyens de contraception. L’auteure analyse également les trois mesures phares de la politique familiale québécoise, c’est-à-dire les services de garde, les prestations parentales suivant l’arrivée d’un enfant et les autres mesures de soutien indirect (ex. : crédits d’impôt et déductions fiscales). Elle constate que lorsque les femmes ont les mêmes possibilités que les hommes (éducation, travail), mais que ces possibilités diminuent à la suite de la naissance d’un enfant, la fécondité diminue également. En revanche, lorsque les politiques familiales permettent aux femmes de concilier leurs obligations familiales et leurs obligations professionnelles en offrant des mesures comme les services de garde subventionnés, la fécondité ne diminue pas aussi fortement.
Cette synthèse des connaissances porte sur les interventions de promotion et de prévention permettant de réduire les expériences négatives dans l’enfance et leurs conséquences, dans une optique de prévention du suicide. Les expériences négatives dans l’enfance réfèrent à diverses expériences d’adversité vécues de 0 à 18 ans, dont la violence physique, psychologique ou sexuelle à l’égard de l’enfant, l’exposition à la violence conjugale, la négligence, la présence de symptômes de troubles mentaux ou la consommation abusive d’alcool ou de drogue chez les parents. Au Québec, des données sur les antécédents de maltraitance dans l’enfance montrent que 20 % des personnes de plus de 16 ans ont vécu une des trois formes de violences parmi la violence physique, sexuelle et l’exposition à la violence entre adultes de la maison. Ces expériences entraînent des perturbations neurobiologiques liées aux systèmes de réponse au stress, des perturbations psychologiques en lien avec le développement socioémotionnel et des perturbations relationnelles, en influençant notamment la relation parent-enfant et la santé mentale de l’enfant. Les résultats indiquent notamment que les politiques permettant de réduire la pauvreté constituent un levier majeur pour améliorer les conditions de vie des familles défavorisées sur le plan socioéconomique et peuvent contribuer à la prévention du suicide et à la diminution des inégalités sociales de santé face au suicide. Les interventions de soutien à la parentalité permettent de réduire les expériences négatives dans l’enfance et ont des effets positifs sur la qualité des interactions parents-enfants, le développement de l’enfant, mais aussi sur sa santé mentale et celle de ses parents.
Cet article reprend un projet doctoral portant sur l’évolution des politiques sociales et des programmes sociaux venant en aide aux familles en vue de réduire les inégalités sociales et de promouvoir le bien-être des enfants. Il aborde les principales actions publiques qui ont influencé l’évolution des contextes de vie des familles québécoises ainsi que les répercussions sur la pratique contemporaine du travail social avec les familles. Ces politiques et programmes ont évolué en réponse aux divers risques sociaux ayant fait leur apparition au fil du temps et au développement des connaissances scientifiques en la matière. L’auteure offre des pistes de réflexion pour alimenter la pratique en travail social avec les familles et fait le lien entre la science et les aspects sociaux, politiques et économiques. Elle souligne notamment qu’il est important que le déploiement des programmes sociaux destinés aux familles et aux enfants soit fait avec souplesse pour permettre aux travailleuses sociales et aux travailleurs sociaux de créer une relation de confiance avec les familles, de mettre en place des moyens choisis avec celles-ci et de réaliser les adaptations requises.
Qc – Understanding Fathers’ Involvement Relative to the Other Parent After Parental Separation
Les auteurs de cette étude s’intéressent aux liens entre le bien-être psychologique des pères, les difficultés comportementales de l’enfant, la qualité de la relation coparentale, le temps de garde des pères séparés et leur engagement parental au cours des deux premières années suivant leur séparation avec l’autre parent. Ils ont utilisé les données de l’Enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec. Les données de 671 pères qui ont répondu à des questionnaires deux ans (T1) et quatre ans (T2) après leur séparation ont été incluses dans l’échantillon. Selon les résultats, pour tous les pères, un temps de garde plus long est lié à un engagement parental plus important aux T1 et T2, et aussi un meilleur bien-être psychologique est à l’origine d’un engagement plus important au T1. Les résultats suggèrent que les facteurs individuels, relationnels et contextuels doivent être pris en compte pour comprendre ce qui prédit l’engagement paternel.
Can. – Participation au marché du travail des parents ayant de jeunes enfants
Cette étude, réalisée par Statistique Canada, porte sur l’évolution de la participation au marché du travail des parents d’enfants âgés de 0 à 5 ans, de 1990 à 2021 au Canada. Les résultats révèlent qu’au cours de cette période, leur participation au marché du travail est devenue plus fréquente. Celle des mères de familles monoparentales ayant de jeunes enfants a également évolué, passant de 54 % en 2001 à 62 % en 2021. Le taux d’emploi des parents de jeunes enfants a diminué au début de la pandémie de la COVID-19 en raison des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois, ainsi que des fermetures de garderies et d’écoles, mais s’est rétabli en 2021. Une proportion non négligeable de mères qui ne travaillaient pas étaient des chômeuses ou des travailleuses découragées, et n’étaient pas étudiantes (c’est-à-dire des non-étudiantes qui étaient inactives, mais qui souhaitaient travailler). Leur statut de chômeuses pouvait être influencé par les frais des services de garde qui l’emportaient sur les avantages du travail. Dans ces circonstances, l’accès à des services de garde abordables pourrait aider les parents qui ne travaillent pas à participer au marché du travail. Le Québec se distingue favorablement des autres provinces en ce qui a trait à la proportion de couples à deux revenus et au taux d’emploi des femmes monoparentales.
Cette enquête, menée par Statistique Canada en collaboration avec l'Agence de la santé publique du Canada, vise à évaluer les répercussions de la COVID-19 sur la santé mentale et le bien-être des personnes vivant au Canada. Les données du troisième cycle de l’enquête révèlent des améliorations importantes, de février à mai 2023, concernant la santé mentale perçue, le sentiment d'appartenance et la satisfaction à l'égard de la vie, comparativement à deux ans plus tôt. Les résultats démontrent néanmoins une forte prévalence de la dépression, de l'anxiété et du trouble de stress post-traumatique (TPST) chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans, les personnes 2ELGBTQ+ et les Autochtones. Les adultes 2ELGBTQ+ étaient plus susceptibles de déclarer des symptômes modérés à sévères de dépression (45 %), d'anxiété (35 %) et de TSPT (19 %) que les adultes hétérosexuels et cisgenres. Les Autochtones étaient également plus susceptibles de présenter des symptômes modérés à sévères de dépression (29 %), d'anxiété (24 %) et de TSPT (16 %) que les personnes non autochtones.
Cette étude réalisée aux États-Unis se penche sur les perceptions qu’ont les nouveaux parents de la division du travail au point de vue des tâches ménagères, des soins aux enfants et des responsabilités financières. L’influence de la qualité de la relation de coparentalité est également prise en compte. Près de 200 couples ayant un enfant de 9 mois ont participé à l’étude. Ils viennent de milieux à revenu faible ou modéré. Les résultats indiquent que, malgré les affirmations d’une évolution sociétale vers une répartition plus équitable des tâches, la tendance à diviser les responsabilités selon des considérations traditionnelles est encore très présente. Les femmes participent plus activement aux tâches ménagères et aux soins des enfants, tandis que les hommes s’occupent davantage de la contribution financière. L’inégalité des tâches n’est pas perçue de la même façon par les deux membres du couple, les hommes jugent que leur part est plus grande contrairement à ce que les femmes croient. Un sentiment d’injustice éprouvée par les mères en raison d’une répartition inégale des tâches ménagères peut conduire à l’insatisfaction et à la détresse conjugales, affecter le bien-être des mères et peser sur la relation coparentale.
Par des questionnaires auxquels ont répondu des parents d’enfants de 12 à 36 mois dans la région parisienne en France, les auteurs étudient le temps passé devant les écrans chez les jeunes enfants. Ils prennent en compte des éléments tels que les données sociodémographiques, le temps passé devant les écrans par les parents, le contexte de garde des enfants, la langue parlée à la maison et la lecture de livres. Les enfants passent en moyenne une heure devant les écrans, principalement la télévision. Plus du tiers des familles laissent la télévision allumée en arrière-plan la plupart du temps. Environ le tiers des parents ont déclaré que les enfants choisissent seuls le contenu regardé. Le recours aux écrans est souvent motivé par une volonté de calmer l’enfant. La lecture de livres exerce également une influence : plus elle est fréquente, moins les enfants passent de temps devant des écrans. Les auteurs soulignent l’importance de sensibiliser davantage les parents quant aux effets du temps d’écran chez les jeunes enfants.
Cette étude examine les effets de l’introduction du programme de congé parental partagé au Royaume-Uni sur la prise de congé parental des pères. Les auteurs ont interrogé, entre juin et septembre 2017, dix pères de différentes régions. Les entrevues visaient à recueillir de l’information entre autres sur leur motivation à prendre un congé parental partagé, la durée du congé et le niveau de soutien organisationnel dont ils disposent au moment de prendre leur congé. Deux approches différentes ont été décelées par les auteurs : une approche dite « prudente » et une autre dite « audacieuse ». Les pères dits prudents ont tendance à atténuer le plus possible les impacts sur leur carrière en adaptant le moment et la durée du congé selon les besoins de l’employeur. Les pères dits audacieux aménagent plus facilement la durée du congé pour maximiser leur rôle de père auprès de leur enfant. Selon l’auteur, pour progresser vers l’égalité des sexes en matière de parentalité, les pères, les décideurs politiques et les organisations doivent s’efforcer de résoudre le conflit interne et l’anxiété que ressentent de nombreux pères à l’idée de prendre un congé parental ou d’adapter leurs horaires de travail.
Cette enquête étudie les liens entre les compétences parentales et les problèmes d’externalisation des enfants au sein des familles à risque. Au total, 562 aidants familiaux ont participé à l’Interview for the Assessment of Parenting Competencies et répondu au questionnaire
Strengths and Difficulties. L’organisation de la vie familiale, l’autorégulation émotionnelle, la stimulation de l’enfant et la coresponsabilité parentale sont les compétences pour lesquelles les familles présentaient le plus de difficulté. L’incapacité des parents à être chaleureux envers leur enfant et à établir une communication saine pourrait expliquer les difficultés comportementales des enfants au sein de ces familles. Ainsi, une meilleure communication au sein des membres de la famille dans laquelle l’enfant évolue pourrait réduire ses problèmes d’externalisation. Les auteurs sont d’avis que les interventions des aidants familiaux devraient se concentrer sur les compétences pour lesquelles les familles ont tendance à avoir plus de difficultés.
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