La coparentalité en contexte de séparation comporte de nombreux défis (de communication, de partage des tâches avec l’autre parent, etc.), et les parents séparés peuvent être sujets à un niveau de stress important. Face à ces situations, l’entourage peut constituer une importante source de soutien, mais aussi induire, parfois, une pression sur les parents dans l’exercice de leur rôle. L’Institut de la statistique du Québec a publié récemment un fascicule qui s’intéresse à ces questions, afin de voir de quelle manière les sources de soutien et de pression sociale interviennent sur le stress des parents séparés. Les résultats qui y sont présentés ont été produits à partir de l’Enquête québécoise sur la parentalité 2022. S’appuyant sur les réponses de près de 4 500 parents séparés, les analyses permettent de conclure que les parents qui peuvent souvent ou toujours compter sur leurs parents, sur les autres membres de leur famille et sur leurs amis ou collègues, en cas de besoin, ont une probabilité moindre de subir un niveau élevé de stress parental que les parents qui ne peuvent que rarement, voire jamais, compter sur ce soutien. De même, les parents séparés qui ressentent fréquemment de la pression des membres de la famille élargie sont plus susceptibles de vivre davantage de stress parental que les autres.
Cette thèse de doctorat examine les liens entre le contrôle psychologique parental, les stratégies de régulation des émotions et les symptômes dépressifs à l’adolescence, en tenant compte du genre du parent et de celui de l’enfant. Un échantillon de 330 élèves montréalais âgés de 14 à 17 ans ont répondu à un questionnaire visant à mesurer le contrôle psychologique maternel et paternel, la qualité de la régulation de leurs émotions de colère, de tristesse et de peur ainsi que leurs symptômes dépressifs. Le contrôle psychologique fait référence à la parentalité intrusive qui dicte les comportements et impose des modes de pensée aux jeunes. Les résultats mettent en lumière le rôle médiateur de la régulation des émotions dans l’association entre le contrôle parental et les symptômes dépressifs des adolescentes et des adolescents. Les jeunes qui rapportent un niveau élevé de contrôle parental présentent plus de difficultés de régulation de la tristesse et de la peur, qui sont à leur tour associées à des scores plus élevés de dépression. Les résultats sont nuancés par le genre des parents, par celui des jeunes ainsi que par le type de contrôle exercé par le parent. En outre, un contrôle orienté vers l’accomplissement (les pressions du parent pour que l’enfant se conforme à ses attentes en matière de réussite) par le père est lié à plus de dysrégulation de la tristesse et de la peur, alors que le contrôle paternel ou maternel orienté vers la dépendance est lié à plus d’inhibition de la peur. L’inhibition de la tristesse et de la peur est associée aux symptômes dépressifs chez les jeunes.
Qc – Vers un usage équilibré des écrans : miser sur les familles et renforcer l’effort scolaire
Ce mémoire, présenté par un groupe de chercheurs dans le cadre de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes, poursuit deux objectifs : clarifier le statut du numérique à l’école et définir le rôle de la famille en matière d’usage et d’éducation au numérique. Les auteurs proposent des solutions concrètes visant un meilleur encadrement de l’usage des écrans par les jeunes à l’école et à la maison. En outre, ils soulignent que la consommation d’écrans serait plus importante en dehors des heures de classe, donc à des moments où les jeunes sont sous la responsabilité de leurs parents. Ainsi, pour un impact positif sur le temps d’écran des jeunes, les efforts gouvernementaux devraient viser principalement les familles. Les auteurs considèrent que les parents devraient être mieux informés sur les enjeux liés au numérique; de même, un meilleur niveau de littératie numérique leur permettrait de mieux guider l’usage que leurs jeunes font des écrans. Ils suggèrent d’impliquer les parents dans l’élaboration et la mise en place des interventions ciblant les familles afin que les situations variées dans lesquelles elles vivent soient considérées.
Can. – Exploring Parenthood Intentions and Perceptions of Infertility and Assisted Reproductive Technology among 2SLGBTQIA + Young Adults in Ontario, Canada: A Mixed Methods Study
Dans le cadre de cette enquête menée en ligne, en Ontario, entre mai et octobre 2022, 286 individus 2SLGBTQIA+ ont été sondés quant à leurs intentions de parentalité, leur conception de la famille ainsi que leur perception de la procréation médicalement assistée. Toutes les personnes ayant pris part à l’enquête étaient des étudiantes et des étudiants sans enfant âgés de 18 à 30 ans. Parmi elles, 33,9 % ont indiqué qu’elles veulent avoir des enfants, alors que 33,6 % sont incertaines et que 32,5 % préfèrent ne pas en avoir. En ce qui concerne leur perception de la famille, elles conçoivent celle-ci de manière plus large et flexible que la seule famille nucléaire, puisqu’elle est choisie. À leurs yeux, la famille est constituée de partenaires dont les enfants, s’il y en a, sont biologiques, adoptifs ou en famille d’accueil, et elle véhicule des valeurs d’amour, de sécurité, de soutien mutuel et d’acceptation. Les appréhensions face à la procréation médicalement assistée diffèrent selon les sous-groupes interrogés. Tous s’entendent cependant sur le fait que son coût excessif et les discriminations auxquelles les personnes qui la demandent pourraient faire face constituent des obstacles à son recours.
É.-U. – The Family Context and the Use of Media for Emotion Regulation During Early Childhood: Testing the Tripartite Model of Children’s Emotion Regulation and Adjustment
L’utilisation des médias par les parents pour occuper leur jeune enfant lorsqu’il s’ennuie ou pour le distraire des émotions négatives est une pratique courante. Les auteurs de cette étude, réalisée aux États-Unis auprès de 449 parents d’enfants âgés de 4 à 7 ans, souhaitaient vérifier s’il existe une association entre cette pratique et la capacité de régulation émotionnelle de l’enfant. L’influence sur cette association des réactions de stress des parents face à l’expression d’émotions négatives des enfants et de la relation parent-enfant a aussi été examinée par les chercheurs. Les résultats suggèrent que l’usage des médias joue un rôle dans le développement émotionnel des enfants, et ce, parallèlement à la manière dont les parents réagissent aux émotions de leurs enfants et à la qualité de la relation enfant-parent. En outre, les réactions négatives des parents par rapport aux émotions de leur enfant et une moins bonne relation parent-enfant sont associées à des problèmes d’internalisation et d’externalisation chez l’enfant. Les auteurs suggèrent aux parents de privilégier l’usage de médias axés sur les émotions sociales, qui leur permet d’apprendre à l’enfant à réguler ses émotions. Ils soulignent aussi l’importance que les parents mettent en pratique les stratégies présentées dans ces médias avec leur enfant au lieu d’utiliser ceux-ci pour le distraire.
É.-U. – Transformative Learning to Politicized Collective Identity: How Cisgender Parents and Caregivers of Transgender and Gender Diverse Youth Become Change Makers for TGD Justice
Depuis quelques années, nous assistons à la mise en place de lois hostiles aux personnes trans, notamment dans plusieurs États américains. Les liens parentaux peuvent être un facteur crucial de renforcement de la résilience pour les jeunes trans en atténuant les effets du stress lié aux minorités. Cet article étudie le processus de transformation vécu par des parents de jeunes trans qui ont développé leur identité en tant qu’alliés, puis qui sont passés d’un sentiment d’inquiétude pour la sécurité de leur enfant à un plaidoyer actif et public pour des politiques qui protègent les personnes trans au sein de leur communauté. L’article débute avec un aperçu du climat politique hostile aux personnes trans et des répercussions sur celles-ci, sur leur famille et sur leur entourage. Ensuite, en appliquant la théorie de l’apprentissage transformationnel, l’auteur décrit le processus vécu par ces parents selon plusieurs phases distinctes.
Eur. – A Typology of US Parents’ Mental Loads: Core and Episodic Cognitive Labor
Les auteures de cette étude cherchent à savoir si le travail cognitif, concernant la prise de décisions, la planification et l’organisation de la vie familiale, est réparti en fonction du genre des partenaires, comme le sont généralement les tâches physiques dans la sphère domestique. S’appuyant sur les résultats d’un sondage mené auprès de 3000 parents états-uniens, elles établissent que les mères s’occupent davantage de ce qui touche à la vie quotidienne, comme le ménage, les horaires, le soin des enfants, les relations sociales et la nourriture. Les pères s’occupent davantage, quant à eux, du travail lié à l’entretien de la maison et du côté financier, qui sont des tâches plus épisodiques. Le caractère invisible du travail cognitif fait toutefois en sorte qu’un membre du couple ne sait pas toujours ce qui est fait par l’autre, ce qui mène également à une possible surestimation de leur propre contribution. Bien que l’ampleur de ce travail soit difficile à mesurer, les résultats tendent à montrer que, comme pour l’exécution des tâches physiques, il s’agit d’un travail réalisé en plus grande partie par les femmes.
Eur. – Minority Stress and Structural Stigma Predict Well-Being in European LGBTQ+ Parents
Les conséquences négatives de la stigmatisation structurelle envers les personnes de la communauté LGBTQ+, c’est-à-dire l’oppression exercée par le biais de lois et d’attitudes préjudiciables à leur égard, ainsi que les conséquences du stress minoritaire sur le bien-être et la santé de ces personnes sont bien étayées. En revanche, les répercussions de la stigmatisation structurelle et du stress minoritaire, c’est-à-dire le stress identitaire résultant d’une oppression systémique, sur les différents niveaux du système familial, sont moins bien connues. Les auteurs se penchent sur l’association entre l’exposition à ces facteurs de risque et le bien-être (satisfaction de vie et symptômes dépressifs) des parents LGBTQ+ en utilisant les données du EU LGBTI II Survey, 2019, réalisé dans 19 pays européens, et en s’appuyant sur les réponses fournies par 3 080 personnes. Selon les résultats, l’exposition au stress des minorités sur le plan individuel ainsi que l’exposition à la stigmatisation structurelle ciblant à la fois les individus et les familles LGBTQ+ sont significativement associées à un bien-être moindre des parents LGBTQ+. En outre, les parents trans et les personnes confrontées à des difficultés économiques sont particulièrement vulnérables à un niveau faible de bien-être.
Eur. – The Indirect Costs of Caring for a Child with a Disability
Dans quelle mesure le handicap d’un enfant a-t-il un impact sur la santé et l’emploi des parents au fil du temps? Pour répondre à cette question, l’auteur de cette thèse de doctorat, composée de trois articles, a utilisé les données d’un registre national de Statistics Norway. Le premier article aborde la participation au marché du travail des parents ayant un enfant handicapé. L’auteur constate que ces parents allouent moins de temps au travail et ont une perte de revenus, comparativement aux parents d’un enfant non handicapé. Ces conséquences négatives sont plus prononcées chez les mères que chez les pères, et chez les parents s’occupant d’enfants souffrant d’un handicap plus grave. Le deuxième article montre que les mères d’un enfant handicapé prennent davantage de congés pour cause de maladie que les autres mères. Le troisième, qui porte sur les différences en matière de retour au travail deux ans après la naissance entre les mères d’enfants handicapés et non handicapés, révèle que les mères d’un enfant handicapé sont moins susceptibles de reprendre le travail après l’accouchement. L’auteur conclut que les mères d’un enfant handicapé vivent une détérioration plus prononcée de leur santé; en outre, le taux d’emploi chez ces mères se révèle moins élevé que celui des mères d’un enfant non handicapé. Il souligne la nécessité de soutenir davantage les mères d’un enfant handicapé afin qu’elles parviennent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
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