L’Institut de la statistique du Québec a récemment diffusé un fascicule présentant des résultats inédits tirés de l’Enquête québécoise sur la parentalité 2022. Ceux-ci mettent en lumière les particularités de l’expérience parentale des parents qui ont un enfant ayant un problème de santé, un trouble du développement, un trouble d’apprentissage ou un trouble du comportement, par rapport à l’expérience parentale des autres parents. On y apprend qu’en présence d’un de ces problèmes ou troubles chez un enfant de la famille, ces parents sont notamment plus susceptibles que les autres de percevoir leur propre état de santé comme passable ou mauvais. De plus, leur expérience parentale est généralement plus ardue, c’est-à-dire qu’ils sont généralement plus stressés, ont un rythme de vie jugé très exigeant et rencontrent plusieurs défis parentaux qu’ils jugent difficiles à relever avec leurs enfants dans une proportion plus élevée que les parents ne vivant pas avec un enfant qui présente un problème de santé. Finalement, leur situation économique est généralement moins favorable.
Cette étude québécoise s’intéresse aux aspirations futures des jeunes mères vivant des difficultés d’adaptation psychosociales ou en situation de précarité socioéconomique. Elle s’appuie sur une approche narrative pour suivre et anticiper l’évolution du parcours de ces femmes. Les données ont été recueillies par l’entremise d’entretiens semi-dirigés auprès de mères âgées de 18 à 26 ans, fréquentant des organismes d’aide. Il en ressort que, malgré le contexte adverse, ces mères témoignent d’un désir de stabilité et de bien-être économique et personnel. Elles veulent renforcer les relations avec leurs proches et devenir de meilleures mères. Les auteures indiquent qu’il importe de prendre en compte les variations des besoins exprimés par les mères dans le temps et de manière personnalisée afin de les accompagner adéquatement. La définition d’attentes réalistes et de buts atteignables est l’une des pistes proposées par les auteures afin de réduire la pression vécue par ces mères, qui les incitent à viser la perfection dans leur désir d’offrir une vie meilleure à leur enfant.
Qc – Post-Separation Parental Conflict and Father–Child Physical Contact: A Bidirectional Study
Cette étude longitudinale examine les liens entre le conflit parental post-séparation et les contacts physiques du père et de son enfant au cours des deux années suivant la rupture. Les données ont été recueillies au moyen d’un questionnaire soumis à 198 mères - un sous-échantillon issu de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec - et dont la rupture est survenue lorsque leur enfant était âgé entre 3 et 8 ans. Les résultats indiquent que la présence d’un conflit post-séparation est associée de manière unidirectionnelle à une fréquence plus faible de contacts physiques du père avec son enfant. La relation père-enfant est donc influencée par la relation entre le père et la mère. Pour cette raison, les auteurs jugent que la présence d’un conflit entre parents séparés devrait être une cible prioritaire d’intervention pour ceux qui travaillent auprès des familles séparées et pour ceux qui conçoivent les programmes qui leur sont destinés.
Qc – Parental Postpartum Depression and Children’s Socioemotional Development: The Role of Socioeconomic Inequality
Les auteurs de cette étude ont utilisé les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec, dans laquelle des données sur des enfants de l’âge 1 an et demi à 17 ans ont été recueillies, pour examiner les associations entre les symptômes dépressifs post-partum chez la mère et chez le père et les problèmes de santé mentale chez leur enfant. Ils ont tenu compte des variations selon le statut socioéconomique des parents et le sexe de l’enfant. Des données sur les symptômes dépressifs chez les deux parents et sur au moins une mesure des symptômes liés à un problème de santé mentale chez les enfants étaient disponibles pour 1 899 familles biparentales. Selon les résultats, la dépression post-partum a touché 16,5 % des mères et 8,0 % des pères de l’échantillon. La dépression maternelle et la dépression paternelle étaient liées à des symptômes d’intériorisation (ex. : anxiété, dépression) et d’extériorisation (ex. : agressivité, trouble d’opposition) plus graves chez leur enfant. En outre, plus le statut socioéconomique de la famille était faible, plus cette association était accentuée. Ces résultats suggèrent que l’accumulation de risques et de facteurs de stress nuit au parcours de vie des enfants et rappellent l’importance de mettre en place des mesures permettant d’éviter la transmission intergénérationnelle de problèmes de santé mentale.
Can. – Réfléchir aux effets de la transformation numérique sur les familles au Canada
Si la technologie peut faciliter certains aspects de la prestation de services aux familles, les enjeux qu’elle génère ne doivent pas être sous-estimés. Ce document d’information produit par l’Institut Vanier de la famille propose un survol des enjeux et des lacunes des politiques canadiennes afin d’alimenter la réflexion sur ces questions. La transformation numérique a en effet de nombreuses répercussions sur les dynamiques familiales, notamment sur le plan de la protection de la vie privée et sur celui de l’utilisation des services. Elle peut accentuer certaines inégalités, toutes les familles n’ayant pas un accès égal aux outils technologiques ni les mêmes compétences pour tirer profit de cette évolution ou pour se protéger adéquatement des risques. Comme les politiques familiales ne prennent pas suffisamment en compte la façon dont cette transformation affecte les familles, elles sont susceptibles de ne pas répondre adéquatement à leurs besoins.
É.-U. – Raising Expectations for Institutional Intervention: What Colleges and Universities Can Do to Support Student-Parent Successs
Ce document pose un regard sur la situation des parents-étudiants, leurs caractéristiques démographiques ainsi que les défis auxquels ils sont confrontés dans la poursuite d’études supérieures, aux États-Unis. Il vise à mettre en lumière le rôle des établissements d’enseignement supérieur pour les soutenir et favoriser la réussite scolaire, la persévérance et la diplomation de ces étudiants. Il examine les moyens mis en œuvre par ces établissements pour accompagner les parents et propose de prendre appui sur tous les leviers dont ils disposent pour améliorer les services de soutien et d’accompagnement. L’auteure recommande notamment d’améliorer l’accessibilité aux services de garde, qui repose parfois sur des systèmes de priorité opaques. Ce rapport fait valoir les ressources, les programmes et les stratégies qui peuvent être mis en place par les établissements d’enseignement pour mieux soutenir cette clientèle.
Eur. – The Family-Friendly City: How to Create more Inclusive Urban Environments?
Cette thèse étudie les besoins urbanistiques et les préférences spatiales des familles de la ville de Groningue aux Pays-Bas. Bien que la ville de Groningue soit actuellement considérée comme une ville familiale, l’auteur cherche à savoir comment répondre de manière durable et inclusive aux besoins des jeunes familles en matière de logement et d’environnement de vie. Des entretiens avec huit parents et tuteurs mettent en lumière les besoins d’équipements et de services de proximité, d’une offre diversifiée de logements abordables et suffisamment spacieux, ainsi que la nécessité d’avoir accès à des espaces verts et sécuritaires. Les enjeux de sécurité routière, d’accessibilité et de santé doivent impérativement être pris en compte dans le processus de planification et de conception urbaines afin de créer des villes inclusives de manière durable.
Eur. – National Systems of Child-Related Leave: A Maternalist Approach, Despite the Work-Life Balance Directive
L’Union européenne a mis en place une directive quant à la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle pour favoriser la prise de congé parental par le père. Cette directive a le potentiel de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes et de favoriser la participation de celles-ci sur le marché du travail. Or, cet article, fondé sur l’analyse des systèmes de congés parentaux de 27 pays européens, démontre que ceux-ci ne s’alignent pas toujours avec ces visées. Pour l’auteur, que les congés parentaux pour les mères soient plus avantageux pour les pères est le fruit d’une approche maternaliste généralisée. Des modifications seraient donc à envisager pour tendre vers un meilleur équilibre.
Eur. – Gendered Relationship of Childbearing with Earnings Accumulated by Midlife in Two Nordic Welfare States
Cette étude se penche sur les disparités de revenus entre les hommes et les femmes qui ont eu des enfants ensemble et qui sont âgés de 44 ans au moment où l’étude a été réalisée. À cette fin, un échantillon de 113 415 personnes nées en Finlande et 183 946 nées en Suède a été constitué. Les auteurs constatent qu’à l’âge de 44 ans, les femmes ont gagné un revenu en moyenne 32 % moins élevé que celui des hommes en Finlande, par rapport à 29 % en Suède. L’écart entre les hommes et les femmes en termes de revenus accumulés varie systématiquement en fonction du nombre d’enfants dans les deux pays, l’écart étant plus faible chez les parents d’un seul enfant et plus élevé chez ceux ayant trois enfants ou plus. Les auteurs suggèrent que les gouvernements devraient investir dans des services de garde d’enfants abordables et dans des congés parentaux avec remplacement de la rémunération pour soutenir le changement social visant à promouvoir l’égalité économique entre les hommes et les femmes.
Intern. – “Yeah, no more tantrums, whoo!”: Practices Parents Valued to Help Children Transition Away from Screens
Cette étude porte sur les méthodes que peuvent utiliser les parents pour aider leurs jeunes enfants à s’éloigner des écrans. Entre mars et mai 2021, dans la région de Perth en Australie, 13 familles ont participé à l’étude. Les parents ayant pris part à l’étude avaient tous des enfants âgés de 5 ans et moins. Des ressources numériques d’aide aux parents, dont différentes stratégies et techniques d’intervention visant à amener en douceur les enfants, loin des écrans, ont été fournies aux parents. Les participantes et participants ont mis en pratique les stratégies et les techniques d’intervention mises à leur disposition durant 12 semaines. Avant l’essai de ces ressources, les parents ont indiqué que la gestion des transitions pour éloigner l’enfant des écrans se traduisait souvent par des crises de colère et qu’elle était difficile pour l’enfant et pour eux-mêmes. Les participantes et participants ont apprécié les stratégies et les techniques proposées et les ont jugées utiles pour réduire leurs expériences de transitions difficiles. Les auteurs soulignent l’importance de soutenir les familles en les aidant à développer des stratégies permettant de faciliter une intégration harmonieuse de l’utilisation des écrans dans la vie de la famille et le respect des recommandations sur le temps passé par leur jeune enfant devant un écran.
Intern. – The Effect of Income on New Zealand Children’s Behaviour: The Influence of Maternal Stress and Children’s Screen Use
Les auteurs de cette étude s’intéressent aux différences dans les niveaux de problèmes de comportement des enfants vivant au sein de familles à faible revenu comparativement à ceux vivant dans des familles à revenu élevé en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’aux causes possibles de ces différences. Ils utilisent les données de l’étude longitudinale Growing Up in New Zealand pour examiner le rôle du stress maternel et l’influence de l’utilisation des écrans par les enfants jusqu’à l’âge de 8 ans sur les problèmes de comportement des enfants. L’analyse des données indique que le faible revenu de la famille est associé à davantage de problèmes de comportement chez les enfants, surtout durant la petite enfance. Au cours des années préscolaires, le stress maternel et l’utilisation des écrans expliquent en partie cet écart. Plus précisément, on remarque que les mères de ménages à faible revenu déclarent des niveaux de stress plus élevés et que leurs enfants passent plus d’heures devant les écrans que les enfants dont les mères ont un revenu plus élevé. Bien que l’augmentation du revenu des familles soit une avenue à considérer pour réduire les problèmes de comportements des enfants, il est aussi possible d’agir sur la santé des mères ainsi que sur l’offre de logements abordables pour voir s’améliorer les résultats développementaux des tout-petits.
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