Dans cette édition du bulletin de liaison, les membres du partenariat de recherche Familles en mouvance présentent les résultats de leurs plus récentes recherches sur des thèmes liés aux familles et aux couples au Québec. Les auteures mettent en lumière un constat préoccupant et d’actualité : la vie familiale pèse plus lourdement sur les finances des femmes que sur celles des hommes et elles demeurent plus vulnérables lorsque survient une rupture. En outre, les données montrent que les mères en union libre paient sans doute le prix de la séparation : elles sont celles qui sont le moins souvent propriétaires du domicile familial après la séparation. Les auteures soulignent que la province de Québec est celle qui protège le moins les conjoints de fait et que la réforme du droit de la famille doit s’appuyer sur les réalités des familles et des couples québécois d’aujourd’hui.
Une équipe de chercheurs québécois propose des stratégies pour comprendre et atténuer les impacts de la pandémie de la COVID-19 sur les enfants ainsi que sur les adolescents et les adolescentes. Le numéro de la
Revue canadienne de santé publique dans lequel se trouve l’article est consacré à l’élaboration d’un plan de relance postpandémique visant à réduire les inégalités de développement. Trois priorités sont ciblées : réduire les retards d’apprentissage, améliorer le bien-être et la santé mentale et développer de saines habitudes de vie. Les auteurs recommandent de rendre disponibles des données intersectorielles et longitudinales en matière d’éducation, de santé et de services sociaux permettant de mesurer les conséquences à court et à long terme de la pandémie sur les enfants ainsi que sur les adolescents et les adolescentes. Ils proposent également le déploiement d’une stratégie par étape de même que la mise en place de programmes s’adressant spécifiquement aux enfants, aux adolescents et aux adolescentes de milieux défavorisés et à ceux qui présentent des facteurs de risque personnels (défis de santé mentale, retards d’apprentissage).
Les auteurs de cette étude évaluent les trajectoires longitudinales de l'insécurité alimentaire des ménages au cours des treize premières années de vie de l’enfant et leurs associations avec des problèmes de comportement, de consommation de substances et d'adaptation sociale à l’âge de 15 ans. Les participants et les participantes ont été identifiés à partir de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec, une cohorte de naissances basée sur la population de 2 120 enfants nés au Québec, en 1997 et en 1998, et suivis annuellement ou bisannuellement jusqu'à aujourd'hui. Pour 1 288 d’entre eux, des informations sur l'insécurité alimentaire dans au moins 4 des 6 évaluations (à l’âge de 1,5 an, de 4,8 ans, de 10 ans, de 12 ans et de 13 ans) ont été fournies. Selon les résultats, 3,6 % de ces enfants avaient une trajectoire à haut risque d'insécurité alimentaire récurrente. Un risque élevé d'insécurité alimentaire pendant l'enfance était associé à des niveaux plus élevés de consommation de cannabis, d'intimidation par les pairs et de décrochage scolaire à l’âge de 15 ans.
Des recherches suggèrent que certaines pratiques parentales seraient associées au développement, au maintien ou à l’aggravation des troubles anxieux et des symptômes associés au trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant. En effet, des pratiques parentales surprotectrices et contrôlantes sont les prédicteurs parentaux les plus robustes de l’anxiété chez l’enfant, d’une part, et d’autre part, l’utilisation de méthodes disciplinaires coercitives, telles que donner des ordres constamment ou faire des reproches à l’enfant, est plus fréquemment remarquée chez les parents d’enfants présentant un TDAH. Dans ce mémoire doctoral, une revue systématique a été réalisée afin de documenter les pratiques parentales utilisées dans les familles d’enfants âgés de 5 à 12 ans ayant la comorbidité trouble anxieux et TDAH. Les résultats suggèrent que les parents d’enfants présentant la comorbidité trouble anxieux et TDAH utilisent davantage de pratiques parentales associées aux troubles anxieux et un niveau similaire de pratiques parentales associées au TDAH, comparativement aux parents d’enfants qui ont un TDAH seulement.
Cette enquête, réalisée en mars, juillet et août 2021 auprès de plus de 3 200 adultes québécois, dont 688 parents d’enfants âgés de 6 à 17 ans, concerne l’utilisation des appareils numériques par les jeunes d’âge scolaire. La comparaison des réponses avec les données de l’année précédente démontre que 76 % de ces jeunes passent plus de temps devant leurs écrans à la maison depuis le début de la pandémie. Comparativement à 2020, le téléphone intelligent enregistre une hausse significative de son taux d’utilisation de l’ordre de 15 points de pourcentage chez les jeunes âgés de 6 à 12 ans. La majorité des parents (82 %) considèrent que leur enfant s’est bien adapté à l’apprentissage scolaire en ligne. Toutefois, 28 % des parents de jeunes âgés de 6 à 17 ans considèrent comme étant très probables les risques que leurs enfants soient victimes d’intimidation sur le Web, que ce soit par des pairs ou par des personnes inconnues, ce qui constitue une hausse de 13 % par rapport à 2020.
Cette analyse porte sur la satisfaction des personnes âgées de 15 à 64 ans à l’égard de la quantité et de la qualité du temps passé en famille et de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, en fonction de leur lieu de travail. Les données tirées de l’Enquête sociale canadienne ont été recueillies du 26 octobre 2021 au 7 décembre 2021. Les résultats montrent que la plus grande proportion de personnes ayant exprimé une satisfaction plus élevée par rapport à la quantité de temps passé en famille se trouve chez celles travaillant à temps complet à domicile, tandis que la plus faible proportion a été enregistrée parmi les personnes qui travaillaient à l’extérieur de leur domicile. Néanmoins, la satisfaction à l’égard de la qualité du temps passé en famille ne variait pas selon le lieu de travail. La proportion de personnes ayant déclaré être très satisfaites ou satisfaites de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle était plus élevée chez les personnes qui travaillaient à temps complet à domicile (75 %), comparativement à celles qui travaillaient parfois à domicile (69 %) et à celles travaillant à l’extérieur de leur domicile (61 %).
Cette
étude vise à examiner si le dépassement de la recommandation du temps d’écran quotidien dans la petite enfance (une heure/jour pour les enfants âgées de 2 à 5 ans) est associé à une vulnérabilité développementale, en tenant compte d’autres facteurs de santé tels que les comportements (l’activité physique et le sommeil) et les caractéristiques démographiques des enfants (le sexe, le revenu familial, l’origine ethnique, la vie en milieu rural ou en milieu urbain). L’échantillon est composé de plus de 2 900 enfants de la Colombie-Britannique âgés d’environ 5 ans. Les résultats montrent qu’une utilisation des écrans qui dépasse une heure par jour a des effets négatifs sur la santé développementale des enfants dans les domaines physique, social, émotionnel et cognitif. Près de 40 % des enfants participant à l’étude passaient plus d’une heure par jour devant un écran. Les enfants en situation de vulnérabilité socioéconomique accordaient plus de temps aux activités sur écran. Les auteurs soulignent que des recherches supplémentaires au sujet des contenus visionnés par les jeunes enfants et du type d’activités sur écran sont nécessaires pour saisir les mécanismes par lesquels le temps passé devant un écran est lié aux vulnérabilités développementales.
Les auteurs de cette étude examinent comment les caractéristiques démographiques, familiales et de santé mentale sont associées aux expériences éducatives des enfants à la maison pendant la pandémie de la COVID-19. L’étude a été menée auprès de 375 familles à faible revenu de Toronto ayant des enfants âgés de 4 à 6 ans, dont une proportion importante (39,4 %) était des ménages monoparentaux. Les mères ont été interrogées sur les défis rencontrés, leur bien-être psychologique et celui de leur enfant. Les réponses obtenues établissent une relation entre l’expérience de l’éducation à la maison et le stress, l’anxiété, la dépression chez les mères et les problèmes d’extériorisation et d’intériorisation chez les enfants. Même si plusieurs familles retirent des impressions positives de l’expérience de l’éducation à la maison après le début de la pandémie, il reste que celle-ci a été difficile pour de nombreux enfants et leurs mères.
Cette
étude menée en Grande-Bretagne remet en question la supposition selon laquelle les mères seraient plus aptes que les pères à prendre soin des enfants. Des entretiens standardisés et des questionnaires sur la parentalité ont été remplis par des pères et des mères d’enfants âgés de 3 à 6 ans de familles monoparentales (41 pères seuls et 45 mères seules) et biparentales (41 couples). Les questions posées aux répondants et aux répondantes mettaient l’accent sur la santé psychologique des parents et sur la qualité de l’éducation parentale. Les résultats démontrent qu’il n’y a pas de différence significative entre les familles monoparentales et les familles biparentales, et ce, pour aucune variable à l’étude. Pour les deux types de familles, les effets du stress parental sont les mêmes. Par exemple un stress parental accru est associé à de plus grandes difficultés chez l’enfant, quel que soit le type de famille. Les résultats démontrent également que les pères seuls s’adaptent bien aux responsabilités en lien avec les soins des enfants et que la qualité de la relation avec l’enfant est la même que celle entre les enfants et leur mère seule.
Les auteures de cette étude s’intéressent aux mécanismes qui expliquent les inégalités d’accès aux services de garde, qui sont universels en Allemagne. À cette fin, elles analysent différentes perspectives de coûts-bénéfices liées à l’utilisation de ces services pour les mères et leur enfant âgé de moins de 3 ans, à partir d’un échantillon de 3 481 enfants. Elles constatent que le calcul coûts-bénéfices est important pour déterminer le moment d’entrée des enfants en service de garde. Par exemple, plus les mères sont instruites, plus leur enfant fréquentera un service de garde tôt dans leur vie, car elles le perçoivent comme un investissement dans le développement de leur enfant et comme une façon de maintenir leur participation à l’emploi.
Cette
étude aborde l’association longitudinale entre le stress lié à la parentalité et la manifestation d’un tempérament difficile chez l’enfant. Les auteurs ont vérifié si le niveau de stress parental ou ses répercussions sur l’affectivité négative de l’enfant, par exemple de l’irritabilité, pouvaient être modérés par des programmes de prévention ciblés et si les effets perduraient dans le temps. Les données ont été recueillies à deux moments, soit en 2015 et deux ans plus tard, en 2017, auprès de 903 familles ayant un enfant âgé de moins de 3 ans engagées dans une étude longitudinale. Selon les résultats, les programmes préventifs modèrent l’effet du stress parental sur l’affectivité négative de l’enfant deux ans plus tard. Plus précisément, parmi les familles qui ont bénéficié des services préventifs, une diminution de l’affectivité négative de l’enfant est observée, mais uniquement chez les parents qui démontrent un taux de stress élevé. Ainsi, les programmes de prévention constituent des ressources ayant un effet positif direct sur l’enfant, en particulier pour les parents qui vivent un stress parental élevé.